Théâtre des Marronniers : allez-y, c’est « La Fête » !
Valérie Zipper et Steven Fafournoux mettent en scène la pièce de Spiro Scimone au théâtre des Marronniers. Un spectacle touchant.
« La fête » qui donne son titre à la pièce du dramaturge italien Spiro Scimone, c’est celle qu’organise un couple de quinquagénaires pour célébrer sa trentième année de mariage. Mais leurs moyens étant limités, seul participera aux réjouissances le fils unique qui vit avec eux, Gianni. Et il faudra se contenter d’une bouteille de mauvais mousseux et d’un modeste gâteau au chocolat. Malgré les chapeaux pointus et les langues de belle-mère qui sont distribués aux spectateurs, l’ambiance n’est pas si joyeuse… De toute façon, cet anniversaire n’est qu’un prétexte pour pénétrer, comme par effraction, le quotidien prosaïque d’une famille moyenne vivant dans l’Italie d’aujourd’hui. On voit la femme s’affairer du matin jusqu’au soir tandis que le mari et le fils se disputent son attention, et même sa soumission. Leurs discussions, banales et houleuses, la gaieté tellement factice de l’épouse, reflètent l’ennui et la morosité habituels. Tandis que la radio diffuse de vieilles rengaines populaires et sirupeuses. A partir de ces éléments peu réjouissants, le petit miracle que réussit l’écriture de Scimone c’est de donner naissance à une poésie triste, une émotion qui nous serre le cœur. Les mots simples que s’échangent les trois protagonistes, aussi bien que les silences pesants, mettent en exergue la misère de leurs existences mêlées. On est profondément touché par leur humour qui n’est qu’une barrière fragile devant le désespoir jamais très loin. Et profondément remués par l’obstination qu’ils mettent à continuer de se supporter, de s’aimer malgré tout. La mise en scène de Valérie Zipper et Steven Fafournoux permet à chacun des comédiens (Emilie Canonge, Steven Fafournoux et Loïc Rescaniere, tous trois remarquables) de trouver le ton et les expressions justes. Ce soi porté à chaque geste forme l’écrin idéal pour cette comédie bouleversante.